Grande nouvelle, chers amis : la fin de semaine approche !

C'est lors de tels moments de lucidité que l'on réalise que le monde du travail se divise en deux catégories. Par convention comme par commodité, je nommerai ici chaque tribu en fonction de son cri de ralliement (souvent asséné avec force soupirs, pour une raison encore inconnue des sociologues) : les «déjà» et les «enfin».

Chez cette seconde catégorie de forçats du travail, toutes les occasions sont bonnes pour passer le temps et attendre l'heureux moment de la quille en évitant de trop s'ennuyer.

Le problème, c'est que, coincé dans un bureau ou un open space (cet aquarium symbole s'il en est de l'organisation moderne du travail), avec peut-être même le bureau du chef en visuel (et réciproquement), il n'est pas toujours évident de trouver une occupation à la fois discrète et divertissante, voire, ô plaisir suprême, harceler en douce la tribu adverse.

N'oublions pas non plus que les moyens à notre disposition sont dans pareille situation fort limités : papier format A4, stylos, trombones, paire de ciseaux, ... Pas de quoi à première vue forcer l'enthousiasme.

Le solitaire demeure certes d'un secours honorable (à condition de bien surveiller tant ses arrières que le reflet de son écran dans la baie vitrée), mais, reconnaissons-le, pour un temps seulement.

Et puis... et puis il y a Gaston, de la compta, qui vous jette régulièrement des oeillades mauvaises tandis que vous rêvassez, le regard perdu on ne sait où par-delà votre écran.
Et Justine, du marketing, qui, depuis qu'elle a surpris votre cher collègue et coreligionnaire en train de tester le dernier easter egg de Google, tient toute l'équipe développement à l'oeil...
Sans compter Delphine, l'assistante de direction toujours si prompte à dégainer le sarcasme lorsque vous revenez de la machine à café.

Fort heureusement, il existe quelques génies chez les desperados de la SSII, sachant faire preuve de beaucoup d'imagination, et avec pour seule revendication cet esprit de partage, si cher au monde du logiciel libre.

Oubliez, les éculées sarbacanes conçues à la va-vite à partir des stylos-billes de l'armoire à fournitures !

Oubliez, les vulgaires frondes et leurs élastiques qui vous claquent sans prévenir entre les doigts !

Faites place au génie militaire, et à l'ineffable satisfaction d'un tir de précision réussi :



Que rêver de mieux qu'une arbalète, cette arme silencieuse et si dévastatrice qu'elle fût un temps surnommée l'arme du diable et ses fabricants et utilisateurs menacés d'anathème par l'église catholique ?

«De conception robuste, fiable, discrète, rapide à recharger, cette micro-machine de guerre saura vous donner entière satisfaction dans la résolution des conflits en entreprise», Pierre Bellemare



Camarades ! La supériorité technologique désormais acquise, l'ascendant tactique et moral sur le camp d'en face est maintenant à portée de crayon !

Cessez donc les timides escarmouches.
L'heure est venue de sonner l'hallali, et de laisser l'adversaire sur le carreau (*) !

Mais dépêchez-vous : il sera bientôt temps de partir en week-end. Avant eux, bien sûr. ;-)


(*) NDLR : l'auteur ayant menacé la rédaction de sinistres représailles en cas de caviardage de cet éhonté jeu de mots, nous présentons pour celui-ci nos humbles excuses au lecteur...